Le syndicalisme japonais à l’épreuve du capitalisme de plateforme
Kenshin Nakano
Volume : 78-3 (2023)
Résumé
Au cœur de l'étonnante dualité de la réponse syndicale japonaise face à l'essor du capitalisme de plateforme dans les secteurs du transport de personnes et de la livraison de repas, se révèle une intrigue complexe. Alors que le Japon semble dépourvu de travailleurs de plateformes dans le transport de personnes malgré des mobilisations notables, le secteur de la livraison de repas voit croître le nombre de livreurs, bien que la mobilisation y soit relativement faible. À travers une enquête qualitative, cet article explore les nuances de la réaction du syndicalisme japonais à cette nouvelle ère économique.
Dans cette "variation japonaise" de l'implantation des plateformes, Uber illustre parfaitement cette dichotomie. Bien qu'ayant du mal à s'imposer dans le transport de personnes, la plateforme prospère dans la livraison de repas. Cette dynamique unique de pénétration du capitalisme de plateforme au Japon révèle un contraste saisissant : le modèle basé sur les travailleurs indépendants n'a pas encore dominé le secteur des taxis.
Mais les disparités entre les deux secteurs ne s'arrêtent pas là : alors que le transport de personnes suscite une mobilisation vigoureuse des syndicats d'entreprise, la livraison de repas, dépourvue de syndicats traditionnels, dépend d'initiatives externes pour susciter l'engagement collectif.
Dans ce paysage complexe, les mobilisations dans ces secteurs disparates reflètent les défis et les opportunités du syndicalisme japonais à l'épreuve du capitalisme de plateforme. Elles soulignent les évolutions incertaines et les questions de renouvellement à l'ère de la plateformisation. Cet article décrypte les intrications du syndicalisme japonais et offre une vision éclairante de la réponse syndicale face aux transformations induites par le capitalisme de plateforme.