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The Evolving Status of American Unionism

The Evolving Status of American Unionism

Kenneth O. Alexander

Volume : 22-3 (1967)

Résumé

Le syndicalisme américain : vers un nouveau profil?

Il semble que l'érudit et l'intellectuel aient abandonné depuis quelque temps les études institutionnelles du syndicalisme. En plus, la littérature écrite sur le syndicalisme a surtout insisté sur la non croissance du nombre de membres depuis environ dix ans. Cette stagnation est due à plusieurs facteurs :

1 ) la majorité des secteurs où le syndicalisme puisait traditionnellement sa force sont maintenant presque tous syndiqués ;

2) ces dits secteurs emploient relativement de moins en moins de travailleurs comparativement à la main-d'oeuvre totale ;

3) dans les secteurs où l'emploi croît très rapidement, les travailleurs sont moins orientés vers le syndicalisme et en plus, il est très difficile de les organiser ;

4) les changements dans l'emploi et les développements technologiques entraînent une mobilité occupationnelle qui rend la syndicalisation plus difficile ;

5) les syndicats ainsi que les chefs syndicaux sont dans un certain état de léthargie ;

6) l'opinion publique a changé au sujet du syndicalisme et la législation est devenue plus restrictive.

Fait surprenant à noter, la place des syndicats dans la société américaine aujourd'hui est sensiblement la même qu'en 1920. Il serait très instructif de retracer brièvement les moyens employés par les syndicats pour presque revenir au point de départ en un si court laps de temps.

En ce faisant, on pourra connaître les raisons de l'éloignement des syndicats d'une part, des érudits et des intellectuels d'autre part.

Les années 20 furent suivies d'une période qui faussa notre pensée sociale, économique et politique. En économique, Keynes a détruit la conclusion classique à savoir que le plein emploi était le point d'équilibre naturel dans une économie de libre entreprise, avec, en plus, la philosophie de non-intervention de l'Etat comme conséquence. Ses idées ont trouvé des supporteurs parmi ces intellectuels qui étaient pris entre d'une part leurs préoccupations humanitaires pour les sous-développés et les désavantagés et d'autre part une certaine honorabilité intellectuelle face au désintéressement du gouvernement.

L'application du New Deal ne représente pas la mise en pratique de la nouvelle conception économique. On dirait plutôt que ces mesures sont une recherche de solutions à des problèmes urgents par des politiciens pratiques. Quand on prend la peine de faire une analyse raisonnée à partir de la nouvelle conception économique, c'est souvent crû et naïf (par exemple, le préambule à la loi Wagner justifiait une augmentation de salaires par le simple pouvoir d'achat). Cette sorte de naïveté a aussi été la caractéristique du support intellectuel pour le syndicalisme dans les années 30. L'appui pour le COI provient de préoccupations humanitaires pour le travailleur désavantagé de l'industrie américaine : en plus, ce support provient de l'application fonctionnelle de la philosophie de Keynes qui prônait des transferts de revenus en faveur de la consommation croissante du salarié, de la demande aggregative et contribuant à une diminution du niveau de chômage. Avec cette conception de hausse, l'économique était naïve, mais l'entremelage de morale et de fonctionnalisme était confortable pour les intellectuels.

Mais l'enthousiasme des intellectuels et l'appui général pour le travail organisé commença à baisser avant la fin des années 30. La deuxième guerre mondiale détourna la préoccupation humanitaire. Après la guerre, il y eût un certain intérêt dans le conflit de l'établissement du niveau de salaire, de profit et de revenu dans un contexte d'insécurité d'après guerre. Mais la guerre de Corée éteignit vite cet effort.

La fusion FAT-COI était considérée comme une rationalisation institutionnelle issue d'une rivalité bureaucratique. Tout ceci gagna l'estime de plusieurs intellectuels qui, vingt ans plus tôt, se sentaient confortable dans leur support moral et fonctionnel du COI.

En plus, la publication d'une pensée macro-économique plus compliquée ébranla les bases fonctionnelles du support syndical. Il devint apparent que le syndicalisme avait peu d'influence, sinon aucune, sur la distribution du revenu : et même s'il en avait, le gouvernement fédéral possédait des armes plus puissantes et prévisibles pour réduire le chômage. En plus, le fait de supporter le syndicalisme comme agent de transfert de revenu pour augmenter les dépenses et ainsi réduire le chômage, était une base transitoire de support syndical. En fait, une personne pouvait aussi logiquement s'opposer au syndicalisme afin de renverser la ligne de causalité dans le but de combattre l'inflation d'après guerre.

L'expérience d'après guerre a façonnée une conception moins idéaliste du syndicalisme : en effet, on considéra alors les unions comme étant d'abord préoccupées par leur propre survie et agissant dans l'intérêt de leurs membres. Le pouvoir du syndicalisme d'affecter le bien être de ses membres est sujet à de fortes limitations dépendant dans une large mesure du pouvoir de marché et des fortunes économiques des employeurs. Aujourd'hui, on considère les unions comme étant des organisations à intérêt économique, privées de plusieurs préoccupations humanitaires. Les buts des campagnes d'organisation syndicale n'ont pas aujourd'hui un appui aussi sympathique que pendant les années 30.

Voilà donc les ressemblances entre la position des syndicats aujourd'hui et leur position en 1920. Ainsi le Reuther d'aujourd'hui avec ses critiques du travail organisé peut ressembler au Lewis des années 30. Mais évidemment les résultats à l'intérieur du travail organisé et le contexte environnant sont très différents. Certaines parties du syndicalisme américain s'irritent à la suite de l'abandon de leur héritage humanitaire. Ils ont constamment une voix de sympathie pour les nouveaux « underdog » de la société et certains ont des programmes périphériques dont le but est le bien être général.

Le 19e siècle s'avère être une leçon pour ce qui a trait à la faillite du syndicalisme de bien être et de la vitalité du syndicalisme d'affaire gomperien qui, encore, caractérise le mouvement du travail en Amérique.

Les syndicats, aujourd'hui, trouvent leur succès dans des buts réformistes et humanitaires mieux atteints par une activité politique et par le support d'un parti politique : et ce parti doit considérer le syndicalisme comme une institution à intérêt économique. Il doit alors faire partie d'un processus gouvernemental afin de retenir et de restreindre le syndicalisme. Pour les syndicats, cette alliance politique doit être sujette à des tensions périodiques, comme on peut le noter depuis